Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce chef d’œuvre de Jorge Furtado…
(Ce n’est pas la première fois que je le partage, je sais… Et certainement pas la dernière…)
Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce chef d’œuvre de Jorge Furtado…
(Ce n’est pas la première fois que je le partage, je sais… Et certainement pas la dernière…)
Comme promis, quelques mots sur le très dense séjour à Porto Alegre et São Leopoldo, au Brésil, plus exactement dans le Rio Grande do Sul, dans le cadre du séminaire « La machinerie de l’art », école temporaire d’art France-Brésil.
Des conférences d’une très grande tenue – j’étais notamment très intimidée d’intervenir en compagnie du professeur et écrivain Luis Augusto Fischer… –, un accueil comme on n’en connaît peu – trop peu – en France, une terre qui respire comme un animal serein… Bref, merci à ceux qui se reconnaîtront pour l’invitation et ravie de rencontres dont certaines prennent le chemin d’une amitié sûre.
Parmi les découvertes artistiques fortes : Walmor Corrêa – dont je vous laisse découvrir quelques œuvres –, l’architecture de la Fondation Iberê Camargo réalisée par Álvaro Siza.
… Tel était le titre de ma conférence dans le cadre de la manifestation se déroulant il y a quelques jours à Porto Alegre et São Leopoldo (Brésil, Rio grande do Sul) : La Machinerie de l’art : La création collective et le concept en art.
En voici la présentation :
On a en général de l’écriture une image solitaire. Et bien souvent, elle l’est. Expérience retirée, expérimentation entre soi et soi – avant de rencontrer le regard du lecteur. Mais on oublie ainsi que la pratique de l’écriture n’est pas antinomique de créations collectives comme en témoignent de nombreux courants littéraires historiques ou actuels et, plus modestement, ma propre pratique d’écrivain et d’éditeur. De chantiers en blogs collectifs, en passant par la publication en revues, on évoquera cette tendance qui peut faire de l’écrivain d’avantage un « cadavre exquis » mû par un désir d’échanges qu’un « style » esseulé.
Mon alter ego brésilien, quant à lui, l’écrivain et professeur Luis Augusto Fischer, a parlé de l’écrire et du lire, se basant sur son expérience de lecteur, d’écrivain et d’animateur d’atelier d’écriture.
D’autres intervenants, français et brésiliens, ont traité la même problèmatique – la création collective et le concept – en art, architecture, philosophie…
Je ne mettrai pas la conférence en ligne car elle sera sans doute publiée prochainement au Brésil, avec les autres, et qu’il me semble que le dialogue, avec Luis Augusto Fisher, avec le public posant des questions, avec Claudio Santana, Vitor Ortiz et Ronan Prigent (les organisateurs de l’événement) – tout cela sera retranscrit dans la publication – importe davantage qu’une trace froide.
Direction le Chili dans quelques jours, où je vais retrouver Anne-James Chaton, Eduard Escoffet, Martin Bakero, Joachim Montessuis et rencontrer des poètes et universitaires chiliens.
Je vous raconterai tout cela à mon retour…
Até mais !
… les enfants, mais yen a des qui s’envolent demain – enfin, tout à l’heure – vers des pays qui sentent bon la cachaça et le manjar. Et ce sera studieux, je vous rassure et même frisquet – histoire de ne pas vous faire bisquer.
En résumé :
Au Brésil : conférences à Porto Alegre et São Leopoldo dans le cadre d’Etapa (Escola Temporária de Artes França-Brasil) sur « La machinerie de l’art (la création collective et le concept en art) » avec Eric Lengereau, Marcelo Ferraz, Jean-Claude Conesa, Juremir Machado da Silva, Luiz Augusto Fischer, Flávio Wild, François Martin, Siron Franco et bibi. Mon intervention s’appelle : « Le “cadavre exquis” de l’écrivain »…
Je n’en dis pas plus pour l’instant, je ne sais pas encore si je la mettrai en ligne – il est difficile de lire un texte écrit pour être dit, volontairement composé de phrases courtes – histoire que le traducteur ne soit pas paumé – sans les jeux de mots et autres finasseries que j’affectionne histoire de présenter quelque chose de pas trop abscons…
En guise de petits cailloux mystère, voici les liens que je vais utiliser, je me servirai de cette page pour y accéder en direct – je complèterai sans doute dans deux ou trois jours, j’ai pas fini ma valise :
L’oulipo
Sur Iva Ch’vavar
Le blog de Mauricette Beaussart
Sur Un ABC de la barbarie de Jacques-Henri Michot
Ent’revues
T.A.P.I.N.
Remue.net
Cronopios
Une chic fille
Écrivains en séries : saison 1
Écrivains en séries : le casting
La Rumeur des espaces négatifs
Le Travail de rivière
Fanette Mellier
Le Ralbum
Laureli/Léo Scheer
Le Résumé d’Hélène Bessette
Rougelarsenrose
Editions Léo Scheer
m@nuscrits
m@nuscrits (« rétropublication »)
Au Chili : des lectures et une table-ronde entre poètes français, catalan et chilien. Côté français, je sais qu’il y aura Anne-James Chaton, Joachim Montessuis et bibi. Le catalan, c’est l’ami Eduard Escoffet. Par contre, je n’ai pas reçu la programmation chilienne, mais je vous tiens au courant.
Si vous êtes sages en mon absence et que les moyens techniques dont je dispose me le permettent – wifi, car j’ai bousillé l’entrée internet de mon portable en me plantant de câble un jour, Iphone… –, je vous tiendrai au courant avec de jolies photos du fleuve Guaíba et de la cordillère vraisemblablement enneigée vu les températures locales.
Tagué:Anne-James Chaton, Écrivains en séries, BoXon, Brésil, Chili, Eduard Escoffet, Eric Lengereau, Etapa, Fanette Mellier, Flávio Wild, François Martin, Hélène Bessette, inculte, Jean-Claude Conesa, Joachim Montessuis, Juremir Machado da Silva, La Rumeur des espaces négatifs, Laureli, Le Travail de rivière, Luiz Augusto Fischer, Marcelo Ferraz, Mauricette Beaussart, Olivier Mellano, oulipo, Porto Alegre, Ralbum, São Leopoldo, Siron Franco
Ça fait plusieurs années que je cherche une copie de Ilha das Flores (L’île aux fleurs) du brésilien Jorge Furtado qu’on avait vu avec Laurent Cauwet chez notre ami (immense cinéphile, entre autres choses) Jacques-Henri Michot (qui sort d’ailleurs un livre prochainement chez Al Dante), un hiver, à Mouchin. J’avais arrêté de chercher il y a quelques mois, et puis, avec Youtube et Dailymotion… voici donc mon cadeau de fin d’année.
Ilha das Flores est un documentaire choc qui se passe au Brésil et qui a été tourné en 1989. Je lui emprunte fréquemment l’expression (parfois déformée par ma mauvaise mémoire) : « doté d’un télencéphale hautement développé et d’un pouce préhenseur »…
En VO :
Début :
À Porto Alegre depuis quelques jours, je déguste l’automne brésilien, rencontre des personnes rares et réponds aux questions d’Alfredo Aquino, peintre et écrivain du Rio Grande do Sul, pour son blog Ardo Tempo (également repris sur VerdesTrigos). Ce soir, une rencontre dans une librairie du quartier Bom Fim, la Palavraria, avec Emmanuel Tugny et lui. J’ai un peu honte de baragouiner un sabir d’espagnol mâtiné d’italien en guise de portugais… Heureusement, je pourrai parler ma langue.
Difficile pour un insulaire français d’imaginer les contours de l’immense Guaiba…
ArdoTempo: Laure Limongi, você é bastante atuante e envolvida com a produção literária contemporânea, como autora e como editora. O que você pode dizer sobre o cenário atual francês, sobre os autores e sobre o público para estes novos livros?
En France, on ne cesse de dire que la littérature et l’édition vont mal. Économiquement, ce n’est pas faux. Mais ce que j’observe surtout, étant, comme vous l’avez dit, acteur et ouvrier littéraire, c’est l’énergie et la diversité des publications. De nombreux jeunes auteurs développent une œuvre audacieuse. Pour n’en citer que quelques uns, je pense à Céline Minard, Emmanuel Tugny, Emmanuel Rabu, Claro, Daniel Foucard, Nathalie Quintane, Olivia Rosenthal… Des éditeurs et des collections œuvrent à défendre leurs textes : POL, la collection Fiction & cie, au Seuil, Quidam éditeur, Allia, Verticales, L’Olivier, ma collection, Laureli, aux Éditions Léo Scheer… Le public de cette littérature dite “exigeante” – c’est le terme qu’on emploie pour désigner une simple démarche formelle… –n’est certes pas extensible mais il est passionné et suit de près les publications. L’univers des blogs littéraire œuvre beaucoup à la communication de ces livres-là. Les libraires, également, sont un soutien fondamental : les libraires indépendants, tout particulièrement, luttent de toutes leurs forces contre la consommation littéraire obligée des “block-busters” et organisent de nombreuses lectures et rencontres avec les auteurs pour les faire connaître aux lecteurs.
Como se desenvolve a linguagem contemporânea, e se o público reage positivamente a isso?
De multiples manières ! C’est un manteau d’Alequin aux diverses couleurs, il est impossible de vous en donner une description exhaustive…
On pourrait parler de la poésie contemporaine, tout particulièrement de la poésie sonore et “action” qui sort le poème de la page pour le “jouer”, le “performer” devant un public. Je pense à Bernard Heidsieck, Anne-James Chaton, Thomas Braichet… On voit donc que le souci de la réception, le refus de l’élitisme est, dans cette pratique, très important.
Du côté du roman, également de nombreux courants. Céline Minard, dont j’ai parlé, se frotte à des formes longues et épiques qui suscitent un réel plaisir de lecture. Il en est de même pour Emmanuel Tugny, qui mêle à la fois culture savante, efficacité narrative et humour omniprésent – notamment dans Mademoiselle de Biche, Corbière le crevant… Emmanuel Rabu, quant à lui, dans son dernier livre Tryphon Tournesol & Isidore Isou, intrique référence sérieuse et expérimentale (Isidore Isou, le père du mouvement Lettriste) et culture populaire (la bande dessinée de Hergé). Daniel Foucard, dans son dernier livre, CIVIL, mime le langage des policiers pour proposer une réflexion sur la notion de droit.
Il ne s’agit donc pas de rebuter le lecteur, bien au contraire, et celui-ci en est conscient. Qui dit recherche formelle dit évidemment volonté de se laisser déstabiliser et entraîner dans un univers inédit. Mais c’est, pour moi, la définition de la lecture. Nous avons assez de l’industrie agro-alimentaire pour nos livrer des produits standardisés.
Seu romance Fonction Elvis, apresenta uma linguagem muito inovadora, uma seqüência dinâmica e frenética de links, em capítulos muito curtos, em fade-in e fade-out, que vão construindo uma história caleidoscópica como num mosaico em progresso, mas algo giratória, circular, que sempre vai rodando sobre um mesmo ponto… O que você pode falar sobre a construção dessa nova linguagem?
La forme s’est imposée d’elle-même. Je voulais “assécher” la figure pléthorique et dégoulinante d’Elvis. M’attaquer à ce colosse d’une traite, traversant sa vie à toutes pompes. D’où la concision du texte. J’ai aussi songé à une écriture musicale à travers le rythme et la reprise de motifs. C’est un élément essentiel de mon écriture, l’intrication de la musique au langage. Il en était de même, avec une forme différente, dans mon livre : Je ne sais rien d’un homme quand je sais qu’il s’appelle Jacques.
E sobre o tema (ELVIS), como e porque você o escolheu?
Je précise que je n’étais pas fan d’Elvis et que je connaissais peu ses chansons, mis à part les tubes qui passent de temps à autres à la radio. Ce qui m’a intéressée, c’est Elvis en tant que héros tragique, un héros tragique littéraire idéal. C’est pour ça que j’évoque Jessie Garon Presley, le frère jumeau d’Elvis mort-né, sa part d’ombre. Son double. Et puis sa figure warholienne, le fait qu’il incarne l’avénement du rock et de la reproductibilité de l’image. La réduction de l’individu à l’image.
Le projet de départ était un diptyque : Fonction Elvis/Dimension Gould. Deux figures apparemment opposées, donc, le roi du rock et un pianiste classique, Glenn Gould, ayant complètement révolutionné l’interprétation et les techniques d’enregistrement. Une star pour midinette finalement très mélancoliques, un pianiste à queue de pie extrêmement facétieux et loufoque. Ce sera un diptyque un peu tardif, Dimension Gould est en cours d’écriture.
Além de editora e escritora você também é música e cantora, participando de um grupo de rock contemporâneo francês, o que você tem a contar sobre isso?
J’ai la chance, en effet, d’être membre du groupe Molypop qui compte également Emmanuel Tugny, Jacques El, Yann Linaar, Christophe Boissière, Otavio Moura et d’autres musiciens, selon les projets. Grâce à l’invitation des membres du groupe, j’ai donc pu me replonger dans l’univers musical – j’étais pianiste classique et chanteuse, plus jeune – ce qui me manquait terriblement. L’écriture est un exercice solitaire. Il se passe des choses extraordinaires, du point de vue de la création, lorsqu’on travaille en groupe. La dimension de plaisir et de partage est intense. Et puis le médium musical permet de toucher différemment le public. Je dirai, et c’est heureux, qu’il est moins complexé que la littérature. Les émotions mises en œuvre par la musique sont une des composantes essentielles de la vie, pour moi. Molypop va sortir son premier album, Sous la barque (quand on creuse) très prochainement. Nous travaillons actuellement au deuxième. Je précise également que sortira le 5 mai un livre/disque (CD), le RALBUM (chez Laureli/Léo Scheer) avec notamment des participations de membres du groupe.
No cenário histórico e cultural de seu país que sempre influenciou com intensidade a cultura ocidental há mais de 250 anos, aparentemente pela primeira vez está ali colocado um presidente que não se importa tanto com isso, que faz questão de não falar de cultura e de passar ao largo dos assuntos culturais, muito mais voltado a um imediatismo mediático, a uma frivolidade de modelo mais « norte-americano », como você analisa essa novidade junto ao cenário cultural no qual você está imersa em sua múltiplas atividades?
Je l’analyse comme une catastrophe totale pour la culture et j’en suis très attristée, blessée même. Avec une nuance de honte, également. En colère que les forces de gauche n’ait pas la force et l’unité de défendre les valeurs de notre pays.
La politique actuelle œuvre à une simplification arasante de la culture avec force paroles démagogiques. Il est question de ne laisser subsister que les œuvres plébiscitées par le public, donc, de faire disparaître la diversité de la création. Il en est de même du côté de l’éducation. Mais, j’en suis convaincue, la France est un peuple têtu, exalté, qui finira bien par faire cesser cette pente délétère. J’ai confiance en la gauche, en les Français pour respecter notre héritage et le perpétuer, en l’enrichissant. Jamais nous ne baisserons les bras.
Première étape brésilienne à Porto Alegre, donc, et plus exactement à la Palavraria, une librairie-café du quartier Bom Fim (Rua Vasco da Gama, 165). C’était une rencontre bilingue modérée par Alfredo Aquino et Emmanuel Tugny sur mon parcours, mes livres, la situation littéraire en France…
Chose rare, presque toutes les personnes du public ont réagi, posé des questions… un moment magique dont je me souviendrai toutes les fois où je me sentirai Don Quichotte contre les moulins. J’y ai même rencontré un « cousin » Limongi…
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