
Éros Peccadille
Al Dante, 2002
ISBN : 978-2-9110-7396-0
« le bleu du ciel est plutôt noir
à l’œil »
Entre prose et poésie, Éros Peccadille suit les pas d’une grande petite fille triturant ses blessures pour mieux s’interroger sur son identité et son rôle de femme dans ce monde d’hommes, terriblement normatif. Pourra-t-elle déchanter à son aise ? Faire les gestes qu’elle veut ? Être libre de son destin ?
Avec des échos de Jack Spicer, Apollinaire, Denis Roche et une posture qui pourrait rappeler Kathy Acker (que l’auteur n’avait d’ailleurs pas lue à l’époque de l’écriture du livre), Éros Peccadille captive par ses assertions brutes, musicales, tissées de ritournelles et de saynètes drôles et cruelles.
Ça commence par des cendres dispersées dans un parc corse, effeuille la rose de Ronsard, bouleverse la chronologie, tue, encore une fois, le Petit Chaperon rouge, recrache des échos de séries télé, se fait peur la nuit, ne découpe pas selon les pointillés, déborde, dépasse de partout, rit et pleure, bouleverse. Émeut.
La fille-femme dédaigne le mystère qu’on lui prête, se défait des oripeaux de femelle-incarnation du mal et mère de tous les vices, se moque d’elle-même pour chercher une sortie de l’enfer social luxuriant qu’on nomme réalité, tracer un chemin de liberté qui passe par l’écriture : réinvention de soi, prise de pouvoir par le verbe.