… Donc, un point de départ pas franchement agréable au premier abord, dira t-on. Mais justement. Quand on y réfléchit, la douleur, c’est le dénominateur commun aux êtres vivants… Nous entretenons tous des rapports ambivalents avec elle. La migraine toucherait entre 6 à 10 millions de Français. Sans parler du rapport privilégié, si je puis dire, entre écrivains et céphalées…

Faisant partie de cette lignée et du club des « Algiens » – ainsi qu’on nomme parfois les personnes qui souffrent d’algie vasculaire de la face – en ayant la chance d’être épisodique et non chronique, j’ai vécu pas mal de tribulations à base de triptans, d’électrocardiogrammes et de bêta-bloquants, de corticoïdes, etc. Et puis, il y a environ deux ans, le déclic. Au lieu de me sentir dominée par cette affection envahissante, renverser la vapeur et lui faire cracher du signe. La transformer en objet littéraire.

Le projet n’était donc pas de donner dans le témoignage mais bien d’évoquer la douleur, en ce qu’elle nous unit ; de partir dans une aventure esthétique – sans nier pour autant le statut d’épreuve de la souffrance. L’idée a donc rencontré sa forme, celle d’un roman aux récits enchâssés, empruntant parfois son allure à l’essai.

C’est aussi le moment où j’ai commencé à communiquer avec d’autres Algiens grâce aux réseaux sociaux. Leur énergie, le dialogue avec certains en particulier (Philippe C., Marco B., Eva, Jean-Jacques L, Fran, Patrick de l’AFCAVF…) m’a incitée à me lancer dans cette équipée littéraire. Le livre leur est notamment dédié – ainsi qu’à Claire Guezengar qui nous a quittés l’année passée, emportée par une autre maladie qu’elle avait évoquée dans Soins intensifs dandy.

J’aimerais rendre hommage au courage, à la dignité, à l’humour de tous, qui sont une inspiration constante.

Car s’il s’agit sans conteste d’un geste littéraire, il permet également de parler de cette maladie, l’algie vasculaire de la face. De mettre des mots, peut-être, je l’espère, sur le ressenti de ces chevaliers méconnus, ces héros discrets que sont les Algiens…