Je suis, pour l’heure, comme beaucoup, dans l’émotion, l’émotion brute qui pique les yeux et fait cracher des jets de bile. Absolument incapable d’organiser mes idées – mais rassurez-vous, cela ne saurait durer. Car il va falloir être dignes de leur mémoire, se retrousser les manches et garder le regard bien droit sur la ligne d’horizon, sans ciller.
Ils sont douze, assassinés.
FRÉDÉRIC BOISSEAU
FRANCK BRINSOLARO
JEAN CABUT dit CABU
ELSA CAYAT
STÉPHANE CHARBONNIER dit CHARB
PHILIPPE HONORÉ dit HONORÉ
BERNARD MARIS
AHMED MERABET
MUSTAPHA OURRAD
MICHEL RENAUD
BERNARD VERLHAC dit TIGNOUS
GEORGES WOLINSKI
Il y a également onze blessés dont Simon Fieschi, Fabrice Nicolino, Laurent Sourisseau dit Riss et Philippe Lançon.
Sans compter les rescapés qui ont vécu cette tragédie.
« Enfin, pensons aussi en cette heure d’épreuve au piège politique que nous tendent les terroristes. Ceux qui crient “allahou Akbar” au moment de tuer d’autres hommes, ceux-là trahissent par fanatisme l’idéal religieux dont ils se réclament. Ils espèrent aussi que la colère et l’indignation qui emportent la nation trouvera chez certains son expression dans un rejet et une hostilité à l’égard de tous les musulmans de France. Ainsi se creuserait le fossé qu’ils rêvent d’ouvrir entre les musulmans et les autres citoyens. Allumer la haine entre les Français, susciter par le crime la violence intercommunautaire, voilà leur dessein, au-delà de la pulsion de mort qui entraîne ces fanatiques qui tuent en invoquant Dieu. Refusons ce qui serait leur victoire. Et gardons-nous des amalgames injustes et des passions fratricides.»
Robert Badinter, 7 janvier 2015
« Je n’ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux. »
Charb, septembre 2012

[Dessin : Lucille Clerc.]
Tagué:7 janvier 2015, Charlie