(Cf. billet « Fontenew »)




Photos & typo FANETTE MELLIER
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(Cf. billet « Fontenew »)
Photos & typo FANETTE MELLIER
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Fanette Mellier, graphiste typographe (qui a réalisé l’image de couverture de maternA) a créé une nouvelle typo, le Fontenew (et d’autres typos, sur son site) : cette affiche ci-dessus, à noircir, afin d’en dessiner les lettres. Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous à Fontenay-sous-bois samedi 2 juin à partir de 17 heures, vernissage de l’exposition Graphisme dans la rue.
J’ai écrit, pour Fanette, un texte destiné à être disséminé dans la ville, donc lisible par tous les bouts. En voici la version originale qui a été un peu retaillée… pour coller à la taille des murs de Fontenay – principe de réalité urbaine appliqué à l’écriture.
je file lentement file
cœur
amer
au laps
perdu
la terre tourne bas
(comme un ciel)
hier c’était ici
alors viens
demain l’été
en bye tranquille
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Il fallait une princesse, vois-tu, une vraie princesse. Pas un ersatz, un canadadry de princesse. Non, une princesse vraie de vraie, fille de roi. Car le garçon était prince et qu’il voulait épouser. Et comme il était prince, il pouvait se permettre de faire le tour de la terre pendant que les laboureur labouraient, les charcutiers charcutaient et les moutons paissaient, pour trouver sa princesse. Mais il était prince et difficile. Soit le nez était trop grand, soit les lèvres trop minces, soit le caractère difficile, soit le cheveu terne, soit. Il en vint à douter de son orientation sexuelle – mais ça le conte ne le raconte pas, tu penses. Il rentra donc chez lui désespéré, prêt à tenter les back rooms déguisés en manant, pour voir. Avant d’en arriver à cette extrémité, il partit d’un air las, avec un petit soupir en haute-contre, se reposer dans sa chambre. Un terrible orage éclata. Funeste présage, se dit-il et il rêva confusément de cuir, de stroboscopes, de moustaches dans son petit pyjama de soie fleuri, repassé par son ancienne nounou.
Pendant ce temps, son vieux père entendit frapper des coups terribles à la porte du château. Tous les serviteurs étant encore plus sourds que lui, sa femme ayant de l’arthrose et la soubrette qu’il avait engrossée en étant à son huitième mois, il alla ouvrir la porte en bougonnant. Une jeune femme trempée comme une soupe se présenta, les cheveux dégoulinant, la robe gorgée d’eau, le rimmel coulé, bref, pas belle à voir. Elle se prétendit princesse. Ouais ouais, se dit-il et il appela sa femme. Une princesse ne porterait pas des Michel Perry en daim par temps d’orage, se dit-elle, c’est complètement crétin et elle décida de tester la soi-disant princesse qui sentait un peu le chien mouillé, en séchant.
La vieille alla traîner ses articulations sonores dans la chambre à coucher qu’on prêterait à l’invitée ce soir là, retira la literie en râlant contre sa sciatique et mit un petit pois sur le sommier. Elle prit ensuite vingt matelas qu’elle empila sur le petit pois et, par-dessus, elle mit encore vingt édredons en plumes d’eider. D’un air fier, elle présenta la couche à la jeune femme dont les cheveux frisottaient bizarrement à présent. Celle-ci sourit d’un air gêné en se demandant chez quelle bande de malades elle avait bien pu tomber mais comme elle aurait tout donné pour retirer ses vêtements mouillés (tu sais qu’il n’y a pas pire qu’une culotte trempée par l’orage ?), elle les remercia et se coucha. Après avoir bien vérifié la serrure quand même – le vieux avait l’air salace.
Au matin d’une terrible nuit, elle retrouva ses hôtes qui la mataient d’un air torve. Alors, zavez dormi comment, la princesse ? Affreusement mal, répondit-elle. Je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit. Dieu sait ce qu’il y avait dans ce lit. J’étais couchée sur quelque chose de si dur que j’en ai des bleus et des noirs sur tout le corps ! C’est terrible !
Alors, ils reconnurent que c’était une vraie princesse puisqu’à travers les vingt matelas et les vingt édredons en plume d’eider, elle avait senti le petit pois. Poor dear. Une peau aussi sensible ne pouvait être que celle d’une authentique princesse. Pas de la contrefaçon et encore moins un trav.
Le prince la prit donc pour femme, la preuve était tangible et ça l’excitait à mort de coucher avec une fille à qui un petit pois pouvait coller des bleus. Le petit pois fut exposé dans le cabinet des trésors d’art, à côté du bonnet du commandant Cousteau et du porte-cigarette de Sollers, où on peut encore les voir si personne ne les a emportés.
Et ceci est (presque) la vraie histoire.
Signé, ta princesse aux petits poids (l’autre).
Il n’a jamais pu les manger lorsque le côté rouge était face à lui, visible. Même en le retournant. Une fois que le côté rouge était vu, une seule fois, même du coin de l’œil, c’en était fini. Plat jeté. Malgré le diktat de la politesse. Plus fort que le diktat de la politesse. Un vieux souvenir des Malheurs de Sophie. Ou l’obscénité manifestée. Ou le sang. Ou la messe. Ou. Réponse chez l’analyste. Même pas. Quelle que soient la sauce ou la circonstance, dès que le rouge se brandissait sur fond porcelaine, le poisson était jeté. Quel que soit. Gouverné par Neptune, etc. Et selon les jours ou les heures, mon père m’appelait Biche ou Pinochet. Rien à voir. Puisque tout y était bleu. Salon, ciel, chemise, mer, tapisserie et même les veines, de l’extérieur, sur les bras des vieux. Mais quand même. Il fait partie de la triplicité irrationnelle par excellence. (C’est un père). Il symbolise l’homme parvenu à une phase d’illumination qui est l’état de conscience réfléchie au plus haut degré, impliquant aussi l’imagination que l’intuition ainsi que la raison nécessaire à l’expression. (Ça, c’est l’Astrologue inspiré – dit-il – et recopié :
De type lymphatique, correspondant à l’élément eau (froid et humide), le natif du Poisson se distingue par sa nature émotive, sensible, timide et réceptive, ce qui le rend très perméable aux conditions environnantes. Indulgent et bon, il manifeste une peur étrange de s’engager positivement sur le sentier de la vie de sorte qu’il est souvent considéré comme un être dépourvu d’initiative et d’autocontrôle. Se protégeant maladroitement, enfoui dans les profondeurs d’un monde intérieur, il savoure avec extase les moindres rêves et les plus infimes pensées émises par sa raison.
Ouais ouais ouais
Les lèvres sont plus minces, moins solides. La nageoire caudale est moins forte et moins échancrée.
Il faut en manger au moins deux fois par semaines selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Bien enlever les arêtes. Réserver.
Colorer le tout.
Mais il n’a jamais pu manger un rouget dont le rouge était visible. Avait été visible. Un rouget qui manifeste sa rougeur, sa surface. Qui dirait que le dehors n’est pas comme le dedans. Le rouge devait rester coller à l’assiette, recouvert de la substance gélatineuse qui le rattache à la chair blanche. Il pouvait décoller délicatement la chair et la manger du moment que le rouge restait masqué, hermétiquement lové à la faïence.
Réserver.
Colorer.
Les Babyloniens décrivaient la constellation comme composée de deux poissons poussant un œuf géant. La mythologie grecque veut que ces poissons soient les formes assumées par Aphrodite et Éros poursuivis par le monstre Typhon. Ils auraient relié leurs queues avec de la corde afin de ne pas se séparer.
C’est une constellation difficilement visible, faible.
Deux être dérisoires qui poussent un œuf géant qui est censé être la vie. Dribler les prédateurs. Avancer. Enfin, entre Bélier & Verseau. Aux frontières.
Pour reconnaître le Poisson, vous n’avez qu’à remarquer sa taille petite, son corps flasque et donnant l’impression de manquer de forces récupératrices. Le teint est généralement pâle, son visage est animé d’yeux bleus humides sortant parfois de l’orbite et baignant dans un voile larmoyant.
(C’est l’Astrologue inspiré. Et ses gants rouges.)
Ben voyons.
Enfin le 21 février 1976, c’était surtout un jour décisif pour le Tournoi des Cinq Nations. Victoire du Pays de Galle contre l’Irlande à Dublin (34-9). Victoire de l’Écosse contre l’Angleterre à Édimburg (22-12).
Malgré le diktat de la politesse.
Mais le maillot du Pays de Galle est rouge.
Deux personnages, brûlants, incandescents, poursuivis par un monstre. Avant de finir la bouteille d’Ambroisie, après la victoire (ellipse chaste).
Hé, Typhon c’était jamais que le père de Cerbère, brave toutou, va.
Arrosons ça.
Avec un petit panier et un petit pot de beurre de la vache UHT, à conserver à + 8° C maxi dans la forêt.
Le rouge est mis (ami)
Mais tu sais bien, dis,
Comment c’est.
D’ailleurs, Alrisha n’est pas l’étoile la plus brillante mais elle est la première. Et surtout, elle relie.
Tirer la chevillette.
Pour ne pas se séparer.
Doté d’une inépuisable imagination et d’une réceptivité magnétique, le natif du Poisson dévore instinctivement toute connaissance pour montrer à tous, le fruit de ses explorations. Que vous avez de grands bras ! Pourvu de deux natures très distinctes, il vibre positivement ou négativement selon ses dispositions orientées par son éducation dès sa plus tendre enfance. Que vous avez de grandes dents ! Optant pour la vie la plus aisée, se laissant bercer par ses rêves et illusions, il prend la forme d’un être influençable et impressionnable dominé par ses élans de passion chimérique, et se complaît à vivre dans toutes formes d’abus, ce qui l’entraîne dans un monde à part et le plonge dans les plus basses déchéances du monde interlope.
Ouais ouais ouais
Interlope ta sœur.
Et la bobinette.
Et c’est quoi ton signe à toi, monsieur ?
Taureau ascendant Bélier, Balance en signe lunaire, c’est ça ?
Et tu sors de chez le coiffeur, aussi ?
Au fait, l’ascendant ?
C’est essentiel ça, l’ascendant.
Ça pourrait nous tirer d’affaire.
‘ connais pas l’heure.
‘ sais juste que c’était pendant un match du Tournoi des Cinq Nations, heure d’hiver.
Début d’aprèm’, quoi.
Bref, ça a emmerdé tout le monde entre deux mêlées ouvertes. Les médecins, les parents, les infirmières.
De toute façon, la dernière fois que j’ai calculé, approximativement, l’ascendant était Cancer et c’était encore pire.
Noyé dans le bleu.
Noyé.
Bon, et il est censé faire quoi de sa vie, le Poisson ?
Grâce à sa grande sensibilité et à son émotivité, ce mystérieux personnage se voit dans l’impossibilité de tolérer les souffrances humaines et se doit d’alléger autrui de son sort en exerçant talentueusement des métiers comme organisateur d’institutions charitables ou d’œuvres sociales, médecins, psychologue, infirmier, geôlier ou même religieux.
Le rouge ami,
C’est jamais comme on croyait.
C’est comme cela que je conçois de porter un costume, avec un petit côté vicieux.
(Attaché).
(Les poissons nageant sur fond de lavabo ont été trouvé sur le blog de Arille Couleur De Pie, merci !)
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… On songe à un drôle de forum en devenir peuplé d’écrivants jonglant avec leurs avatars, leurs narrations, leurs énonciations, histoire d’en finir une fois pour toute avec la perruque littéraire poudrée posant dignement ses fesses sur un fauteuil acajou numéroté, derrière un bureau assorti, décoré à la feuille d’or du même numéro. Ici, on milite pour la fibre naturelle ou carrément la teinture fluo et les cheveux en pétard, tout sauf le feuilletage historique formel qui n’en finit pas d’imposer ses lieux communs même plus anxiolytiques depuis l’invention du Xanax.
La notion de génération reprendrait alors sens, enfin, sérieusement manipulée génétiquement (du vert fluo à l’organe prothétique). Non plus l’avant-garde (je crois qu’on aura compris que cette métaphore militaire a suffisamment été portée pour mériter ses articulations élimées et rentrer gentiment au placard du grenier) mais une panoplie d’entités variées avec regards singuliers, écritures très contrastées, goûtant au « je » du bout des lèvres, rhabillant le personnage à la mode de l’épouvantail ou du portemanteau, ne suivant pas les petits cailloux blancs du joli chemin du roman, préférant l’originalité à l’efficacité, la flânerie aux trajets les plus court, la boucherie à la pâtisserie (sans en faire un mot d’ordre, sinon…), excédant le champ du littéraire vers ce qui pourrait constituer un horizon artistique sans notion de « noblesse » de thématique ou tout un tas de simagrées du même tonneau (c’en est fini des fûts de chêne (il n’y a guère que pour le vin que l’on puisse le regretter)…
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