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Lecture/concert d’extraits du Travail de rivière au Musée de Chaumont.
Texte, lecture : bibi.
Improvisation musicale : Olivier Mellano.
Captation vidéo : Maïwenn Grall.
Anne-James Chaton est rentré à Paris.
Et mazette, à Kyoto, il n’a pas fait que manger des sushis… Après yen a des qui disent qu’on fout rien en résidence et qu’on y déprime sec… Je me marre. T’es à Kyoto, à Rome ou ailleurs, t’as plus à aller à l’usine, t’as un laps avec ton cerveau à toi dans ta tête qui peut produire des trucs pour toi, t’as de l’argent pour manger et même envoyer une carte postale à ta grand-mère (parce qu’elle n’a pas d’email, elle croit toujours que les fax transitent par couloir aérien et que le Minitel rose est vraiment de couleur rose), t’es devant une montagne toute verte ou entouré de marbre à Histoire… et là, tu glandes et tu déprimes… Ah oui, puis j’oubliais le dernier argument qui tue : et puis en 6 mois ou 1 an, tout le monde t’oublie à Paris ! Ah ! Ah ! Ah ! Comme si le monde, c’était Paris…
Jameson, non seulement tu as assuré comme un dieu au Japon (大好き !) mais en plus, on ne t’a pas oublié.
Regardez plutôt how he becames a japanese boy mais aussi :
Alphabet – COMPLET
sonographies (89)
rémanence (376)
retouches
FamilyMart & compagnie
…
Images © Anne-James Chaton
{cliquer dessus pour les agrandir}
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… et ravie de ce très ensoleillé Lire en Fête à Nantes puis Lille.
Le très riche festival MidiMinuitPoésie de Nantes m’a permis d’entendre Prexley, alias Jean-Michel Espitallier, Laurent Prexl et Florent Nicolas , dont j’avais jusqu’à présent systématiquement raté les concerts, shame on me, car ce n’est vraiment pas à rater !
Mais aussi la rencontre très impressionnante entre Marilyn Hacker (poète)/Christine Wodrascka (pianiste) et Ian Monk (poète)/Philippe Deschepper (guitariste) au Pannonica. La poésie de Sereine Berlottier. Celles de Ma Desheng et de Tibor Papp. La guitare héroïne Delphine Bretesché… J’en oublie beaucoup et j’en ai manqué davantage encore, entre les rendez-vous et les balances, mais chaque festival à ce côté un peu frustrant… Côté Chantiers d’artistes qui se déroulait au même moment au Lieu Unique, j’ai carrément tout zappé faute de temps, dont Danny Steve, Charles Pennequin, Pakito Bolino… Argh.
On était bien contents de notre concert/lecture (improvisation à la guitare par Olivier Mellano à partir de textes de lui et Bibi, lus par Bibi) Place du Change. Je veux dire : quand on sort de 50 minutes de scène en ayant savouré et habité chaque seconde, l’euphorie.
>> Entretien avec John Morin pour Jet FM + extrait du concert/lecture : ici (pour télécharger, « alt » sur Mac et clic droit, j’imagine, sur PC).
Surtout qu’on a remis ça (différemment, hé, c’est improvisé !) le lendemain à la Maison Folie de Wazemmes à Lille avec tout autant de joie superlative. J’y ai notamment rencontré deux surpassionnées de musique : AlternativeTeken.
Après la route, la routine ? Oh que non !
{… J’avais commencé à évoquer Conte de F—— de Thomas Braichet il y a quelques mois, voici un texte un peu plus complet à lire dans le prochain CCP qui devrait vraisemblablement paraître aux alentours du Salon des Revues, en octobre.}
Conte de F——, à mi-chemin entre le bleu du ciel et le cri des rats dans un mur creux, invente une forme à la fois expérimentale et sensible. Une forme hybride, livreaudio ou audiolivre1 . Une poésie terriblement ancrée dans le réel et assumant l’émotion, réinvestissant l’héritage formel des avant-gardes, le détournant, le virussant et l’incarnant, « saturant les possibilités ». Un style jouant de tous les supports, avec agilité, humour cruel. Le conte en est bien un, tiraillé de la terre aux étoiles, de la barre de céréales à la contemplation, un pli dans l’espace-temps, arrêt sur image, note tenue. Des instantanés de la vie de Phil – celui dont le nom glisse sur le fil du récit et sur la grille d’accord, un peu Fogg aussi, tournant dans la cage de sa « mer-de-monde » – au quotidien gluant, résolument azur, aqueux, souvent noir « de monde et d’objets du monde (…) d’une harmonie surhumaine ». Les jours s’égrènent et tout finit en chanson, sur un happy end en forme de mire. « Il vécut longtemps et. »
Le disque ? Une piste par fragment. Musique, lecture, texture sonore. Le montage opère une nouvelle grammaire du récit, un autre rythme se superposant à l’écrit. Cela ne coïncide pas vraiment et, par conséquent, cela échappe, polysémise, glisse aux frontières se foutant bien de leur gueule et de celle des genres. C’est bien fait puisque cela créée un « bâtard »2 « verbi-voco-visuel » inédit. Une œuvre dont Thomas Braichet est l’ouvrier autant que le créateur, se coltinant le faire et les outils, manifestant une conscience suraiguë de la forme. Dans un livreaudio ou un audiolivre de Thomas Braichet, tout est pensé : la typographie est créée pour l’occasion, la mise en page recherchée et signifiante, le montage son/texte calculé au millième de centimètre et de seconde, la syntaxe modulée pour en révéler les nuances musicales piannissimo, piano, mezzo forte, forte, jusqu’au grammage du papier et sa main, j’en suis sûre, et les petits oiseaux en « V » du quatrième de couverture qui annoncent d’autres cieux de printemps éternel.
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1. Tout comme son premier opus, On va pas sortir comme ça, on va pas rentrer, POL, 2004.
2. « N’étant pas de race pure », dit Robert, citant aussi l’écriture « bâtarde » intermédiaire entre la ronde et l’anglaise. « Bat’art » est le pseudonyme de Thomas Braichet sur Myspace.
Conte de F—— de Thomas Braichet, POL, octobre 2007, livre 80 pages + disque 26 pistes.
Mesdames et messieurs, ce n’est pas un livre, La Funghimiracolette, pas un mais au moins neuf, dont deux romans et de nombreuses utopies ! Mille opéras sous couverture jaune que vous avez la possibilité d’inventer, rien que pour vos synapses, grâce aux directives poétiques d’Olivier Mellano.
En fin d’ouvrage, neuf parcours thématiques permettent d’associer les courtes « pièces musicales imaginaires » : « Recettes par ordre de difficulté croissante » (commençant et finissant par « Cage »), « À portée (roman) », « Hors de portée (roman) », « Ce qui chante », « Ce qui échappe », « Les tortures du roi Khouloud », « Musipark », « Singes » et « Signes ». Une architecture qui fait penser à une partition d’orchestre symphonique – ce qu’il faut de concentration et de vision pour écrire à la verticale les partitions des cordes, des bois, des cuivres… en écho à la virtuosité de l’écriture.
Dès le premier mouvement, l’ambiance s’installe, onirique et intense. On papillonne d’une page à l’autre des « papillons sur neige » aux « chuteurs de harpe », prenant conscience, en crescendo, du bruissement des pages tournées. Si on suit les parcours thématiques, la main droite fait office de capodastre tandis que la main gauche trouve les nouvelles harmonies. Pas besoin de médiator, cela se joue au doigt et à l’œil. On découvre des machines de rêve : le « corpositeur » qui crée des sons à chaque mouvement du corps ; le « gelaudi », substance tirée du « corpositeur » qui permet de conférer la même sonorité aux objets inanimés ensuite adapté en « gelauditecture », la musique à portée de la Tour Eiffel ou de la Sagrada Familia. Un peu plus loin, des cordes tendues en plein air au début de l’été sont coupées à la rentrée des classes. Les chats de Venise ont disparu mais restent les chats de Denise. Une note passe d’individu en individu, en une chaîne infinie, à qui le tour ? On frémit en lisant l’histoire de cet homme qui invente, en 2046, une machine complexe, dévorant son espace vital, pour revivre fugacement une belle journée de juin 1979 à Messanges avant d’ouvrir le gaz. On a envie de partir en vacances sur l’île de la « Funghimiracolette » dont l’étrange faune semble s’échapper du livre pour envahir l’espace alentour. Peu à peu, on n’entend plus le vrombissement des voitures comme avant, ni le moteur du frigo, ni la sonnerie du téléphone. On repère bien le sol sol# ré de la SNCF. Le chat sur le lit, cousin des chats de Denise, rêve aux chats de Venise. On imagine enduire la toussante voisine de « gelaudi » à moins qu’on lui réserve l’une des « tortures du roi Khouloud »… Le mélange d’humour et de cruauté de ces élucubrations mélodiques n’est pas sans rappeler les tribulations de Plume de Henri Michaux. Sa déambulation aventureuse qui se heurte à l’étrange et rencontre souvent la violence. « Les tortures du roi Khouloud » et leurs situations ubuesques font également songer à La Pamukalie d’Eugène*, ce « pays surréel » plus vrai et fou que nature. Cette séquence sanglante et tintinabulante porte la même verve et la même invention. Ainsi qu’une portée politique qu’on retrouve, en cherchant bien les harmonies sympathiques, dans chaque mesure de La Funghimiracolette. Les suppliciés de Khouloud ne se plient pas à ses fantaisies : Fretton Carpeaux « a regardé ses pieds pendant le royal lâcher d’oiseaux plats », Oslave Pouilloux « n’a pas dodeliné de la tête lorsque les cloches ont sonné », Bitlibe Cardon « a bayé aux corneilles alors qu’il fallait saluer les drapeaux »… mais la dernière victime est Khouloud lui-même, qui « a fait de son peuple un troupeau mou ». Et cette utopie en cent huit textes dédiée, noir sur blanc, à la musique, est une ode à la recherche de la beauté et à la conscience de l’être au monde : « Qu’en est-il ici de la politique ? Deux théories. Les cartonistes pensent que la beauté est diffractée dans le monde et qu’on se doit d’en extraire les plus belles bribes pour recomposer l’Agencement Originel aussi nommé le Tôte. (…) Dans leurs manifestations, on peut lire : “ La beauté est partout, regardez BIEN ”, “ Utilisez tout, faites-vous utiliser ”, “ Recombinaison totale du Tôte ”, “ Tout existe, rangeons-le ”, “ Sensistes, fainéants ”… Ils ont l’air concentré et regardent en l’air mais sont assez peu productifs. Les sensistes disent que la beauté n’existe que dans le mouvement qui la cherche, c’est le Sprüng. (…) Dans leurs meetings, on scande : “ Le beau nous dépasse, dépassons-nous ”, “ Sprüng = vie, Tôte = mort ”, “ Cartonistes ! Bricoleurs ! ”… Ils ont l’air inspiré et regardent en l’air mais sont assez peu productifs. D’autres ne se mêlent pas de ça et suivent leur route. Chaque camp essaie de les récupérer. » En fin de volume, en écho au deuxième texte, « Les papillons sur neige », on apprend qu’il faut toujours se méfier des « effets papillon ». Les conséquences de La Funghimiracolette risquent d’être bien plus stridentes que la douceur de sa prose ne le laisserait présager.
La Funghimiracolette, Olivier Mellano (suivi de « Un théâtre des machines », postface d’Emmanuel Tugny), MF Éditions, 160 pages, 12 euros.
* La Pamukalie d’Eugène, Éditions Autrement, 2003.
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Gotlib
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Dans TV Cronòpios, le dernier entretien est réalisé avec Augusto de Campos (par Edson Cruz, avec Pipol à la caméra). Cronòpios a en effet consacré le quatrième numéro de sa revue en ligne, Mnemozine – que je vous conseille vivement de consulter, elle est remarquable ! – à ce poète brésilien très important. Vous pouvez notamment y voir quelques poèmes visuels créés à partir de technologies numériques. Et de très nombreux articles, entretiens, extensions audio et vidéo…
Pour résumer le propos de la vidéo ci-dessus (l’image n’est qu’une capture d’écran, il faut aller ici pour la voir), Augusto de Campos parle de l’importance d’Internet et de l’ordinateur dans sa création. Pour lui, le rapport à la machine est devenu indispensable. Et Internet est le seul espace qui reste réellement ouvert à la poésie – puisque les espaces d’édition papier connaissent des difficultés économiques. Il ajoute qu’Internet est devenu incontournable pour la visibilité de la poésie (il cite Cronòpios et Erratica) dans la mesure où les supports papiers n’ont plus la possibilité de la chroniquer et se dédient presque exclusivement aux best-sellers. Dans la grande mare de communication qu’est Internet, on trouve des niches artistiques exceptionnelles. Et pour sa part, il dit fréquenter moins les librairies car il trouve davantage d’informations internationales sur Internet. Mais il précise que le livre reste un objet unique, qu’il a des avantages, par exemple, il n’est pas sujet à la cruauté des mises à jour. C’est un objet intime, avec une matérialité intrinsèque, unique. Un support n’en élimine pas un autre. Augusto de Campos parle de complémentarité de ces deux supports, Internet, et le livre papier, particulièrement en littérature.
« Il ne devait pas mourir ! » C’est la phrase de Suite suisse d’Hélène Bessette que j’étais en train de mettre en page quand j’ai appris la nouvelle. Énoncée deux fois, écrite deux fois, à la suite, et avec points d’exclamation. Et cette phrase s’incarne donc dans mon histoire. Avec cette absurde révolte contre ce qu’on ne maîtrise pas.
« Il ne devait pas mourir ! »
Et pourtant il est mort.
Dans le livre et dans la vie.
Monsieur B.D. et Thomas Braichet.
« Qu’est-ce qu’on fée ? »
On n’a plus qu’à rester là, comme des cons, avec nos guillemets, pour le faire parler, et nos points d’exclamation, pour le pleurer et rire de nos souvenirs.
Je donnerai toute la poésie du monde pour la vie d’un poète.
Mais je sais, c’est une pensée d’enfant triste, je n’ai pas le choix, on n’a pas le choix.
Dans le train qui m’amène à Lyon, une femme, derrière moi, dit : « Quant je rêve, je rêve d’endroits qui n’existent pas, d’endroits que je ne connais pas et je les retrouve dans d’autres rêves et j’y reviens. C’est étrange cette seconde géographie. »
En dédicace à Conte de F——, il m’a écrit « Qu’est-ce qu’on en fée ? »
Le Conte de F—— à mi-chemin entre le bleu du ciel et le cri des rats dans un mur creux, invente une forme à la fois expérimentale et sensible. Tout comme son premier livre. Une poésie terriblement ancrée dans le réel et assumant l’émotion, réinvestissant l’héritage formel des avant-gardes, le détournant, le virussant et l’incarnant, « saturant les possibilités ». Un style jouant de tous les supports, avec agilité, ironie (non cynique), humour et qui n’appartient qu’à lui.
« Qu’est-ce qu’on en fée ? »
On le fée savoir.
« Qu’est-ce qu’on en fée ? »
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Un peu hébétée par tant de disparitions que je n’arrive pas bien à imaginer réelles, je crois, j’apprends par Emmanuel Rabu la mort d’Henri Chopin, figure incontournable de la poésie sonore – le créateur, notamment, de la mythique revue Ou.
Beaucoup de choses à entendre sur le site d’Erratum et sur UbuWeb. Je rappelle, parmi ses récentes publications, le livre Graphe-machines, paru chez Ikko. D’autres références sur le site Libr-critique.
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