… J’y vais parce que des fois, il faut arrêter les ping-pongs rhétoriques qu’on adore pourtant dans ce pays, les regards en coin, les « mon avis est forcément meilleur que le tien », arrêter de critiquer à la fois la cohésion et la division, (« Am I or not Charlie? That is not the fucking question. (Not now, anyway) », arrêter de penser que son opinion très subjective est LA vérité essentielle à imposer au reste du monde.

 

J’y vais parce que parfois, il faut faire taire toute cette rumeur, et juste être un corps, debout. Un corps vivant et respirant. Sans discours, sans bavardages. Un corps à côté d’autres corps.

J’y vais parce que j’ai besoin d’être debout, parmi d’autres êtres humains, pour les victimes.

J’y vais parce que ma douleur a besoin de tendre ses muscles de la République à la Nation.

 

J’y vais parce que la liberté est ce que nous avons de plus précieux.

Pour le principe essentiel de laïcité, indissociable de la liberté, et qui protège la spiritualité de chacun, permettant à chaque espace religieux de se déployer dans les consciences qui le souhaitent, dans un espace distinct, sans incidence sociale.

 

J’y vais parce que je n’ai pas peur.

Ce n’est pas une posture : je n’ai pas peur, j’ai profondément confiance en ce qui advient. Et nous sommes nombreux à ne pas avoir peur.

 

Je me fous pas mal des politiques présents. On parle de récupération mais hey ! ils ne font que ça à longueur de journée, tordre le réel pour nous pousser à ne pas nous révolter, à ne pas chercher à changer des choses… Il est un peu naïf de s’en rendre compte aujourd’hui, non ? C’est un problème majeur – la rupture de la politique avec les citoyens – dont il faudra s’occuper certes, de toute urgence, après le temps du deuil.

 

J’y vais parce qu’il faudra reconstruire. Ça va être long, ça va être difficile. Espérons que cela soit humain dans le meilleur sens du terme.