Ces réflexions sur la vie, la maladie, la mort, notre rapport à notre environnement, m’ont amenée à réfléchir à ce qui se passait, justement, après. Non pas la « vie après la mort » ; mais les aspects pratiques : le devenir du corps. Sa décomposition.
Je trouve ça plutôt sain de savoir ce que l’on souhaite en la matière, c’est moins égoïste que de laisser les proches se débrouiller avec leur douleur ET tous ces aspects matériels qui peuvent s’avérer plus que pénibles – aurait-il/elle vraiment voulu ça ? Coût des prestations funéraires, etc.
Aujourd’hui, pour résumer, deux grandes options : l’inhumation avec cercueil (voire tout le tralala de l’embaumement), le cimetière, les dalles en marbre ou en béton, etc. Ou la crémation – il paraît qu’incinération, c’est pour les ordures. Je n’ai jamais été très fan de cette idée de la crémation – deux personnes de ma famille ont choisi cette option, et j’ai à chaque fois trouvé ça très violent, enfin disons que je l’ai mal vécu, en dehors du deuil, même.
Sans compter qu’avec mon frère, on n’a pas pu s’empêcher – enfin, ce n’était pas de notre faute, il y avait du vent – de se la jouer scène de The Big Lebowski à Pirio au moment où il a fallu disperser les cendres de maman. J’en avais partout.
Non, vraiment, la crémation, ce n’est pas possible. Les urnes sont souvent ridicules ou cheap, en plus. Mais je m’en faisais une raison en me disant que c’était quand même plus simple pour tout le monde, économique. Puis, j’ai découvert que c’était très polluant.
Il faut donc chercher d’autres solutions. On trouve à présent des cercueils en carton (de plus ou moins bon goût, mais passons)
de surcroît plus économiques en dehors de l’intérêt écologique évident, et quelques initiatives de cimetière « naturels » voient le jour. Il n’y a plus qu’à espérer que cela se multiplie.
D’après une enquête de la journaliste Hélène Jovignot citée par le blog « Même pas mal » du Monde : « De l’au-delà de nos frontières hexagonales existent d’autres formes de traitement des dépouilles mortuaires, souvent bien moins polluantes. “En Suède, on a de plus en plus recours à la ‘promession’, c’est-à-dire à la congélation du corps, puis à sa réduction en poudre à des fins de compostage, tandis que dans les pays anglo-saxons l’‘aquamation’ ou ‘résomation’, qui consiste à dissoudre le corps dans une eau alcaline bouillante, économiserait 85 % d’énergie par rapport à une crémation. L’Australie autorise quant à elle l’inhumation dans un cercueil en osier, habillé de vêtements biodégradables. Quant aux États-Unis, il y est possible de faire transformer ses cendres en récif corallien et de donner ainsi refuge à la faune et à la flore aquatiques”. »
Au fil de mes recherches, je suis tombée sur deux personnes dont le travail me semble passionnant. J’en parle dans Anomalie des zones profondes du cerveau.
Jae Rhim Lee, artiste, constatant que le corps humain portait environ deux cent vingt agents polluants, a créé en 2009 « The Infinity Burial Project ». Je la laisse présenter son projet :
& l’entrepreneuse de pompes funèbres Caitlin Doughty, par ailleurs diplômée d’histoire médiévale, a créé « The Order of the Good Death » – je vous laisse consulter le site. Son le livre Smoke Gets in Your Eyes – And Other Lessons from the Crematory a été traduit il y a quelques mois en français par Clotilde Meyer sous le titre Chroniques de mon crématorium chez Payot.

Décider de ne pas nuire à son environnement jusqu’après sa mort, ce peut être une façon de bien vivre…
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